Le dernier squat artistique nantais sous la menace

Publié le par CitiZen Nantes

Mise à jour du10/09/2014

Les Ateliers Bitche menacés d’expulsion

La ville de Nantes attaque en justice l’association Intervention Expérimentation et les artistes évoluant depuis plus de 10 ans aux Ateliers de Bitche : peintres, sérigraphes, musiciens, couturières, photographes et illustrateurs sont sommés de déguerpir

Nantes perd son dernier lieu artistique libre.

Mobilisons-nous avec un rassemblement jeudi 11 septembre 2014 au Palais de justice à 9h.

Communiqué des Ateliers Bitche  (3 rue de Bitche à Nantes)

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17/08/2014 

Appel urgent

Les Ateliers Bitche, dernier squat artistique nantais, après l'éradication du Fouloir (près de Nantes), a reçu sommation de "déguerpir"(*). Les persécutés ont pris un avocat et obtenu un sursis jusqu'au 11 septembre 2014. Ci-dessous le texte de leur appel. Cette fois-ci il n'y aura pas division sur la marche à suivre, comme au Fouloir, et nul ne se laissera ruiner sa tranquillité sans en appeler à la justice.

L'épuration immobilière nantaise au bénéfice de la maffia des promoteurs, qui vida les squats politiques et de réfugiés, le Radisson Noir puis celui de la Moutonnerie, s'attaque aux Ateliers de Bitche avec un argumentaire éculé, comme posant une étoile jaune sur le galeux : Il est sale, il est dangereux. Déjà, il y a un couple d'années la mairie avait fait inspecter son rez-de-chaussée pour voir s'il convenait pour une résidence d'artistes étasuniens. Tiens, il n'était pas 'sale' à l'époque ? Un artiste anglo-saxon reconnu (et très cher) vaut-il mieux que 10 artistes du cru ?

Les usagers artistes se refusaient, après six ans, à qualifier leur lieu de création de 'squat artistique'. La mairie payait l'eau et l'électricité, un motus vivendi s'était opéré. Au premier étage on trouve les ateliers de créa (peinture, autres arts plastiques, expé sur les sons), une salle pour le montage vidéo s'est ajoutée et dernièrement était programmée une salle de répet' de théâtre. La grande salle du bar conjugue une scène, des gradins de bois déplaçable, une galerie d'exposition et un bar associatif. Une pièce attenante offre un piano droit, des toilettes et enfin, une sortie de secours existe côté cour, où la plantation d'un jardin bio a débuté.

Sur les instances d'un des membres, j'ai inauguré les premières projections cinématographiques. Mon dernier film "La possibilité d'être humain", avec Paul Ariès, Emir Kusturica, Noël Godin, Marc Dufumier, Jean-Didier Vincent, François Jarrige, Enric Duran, Eric Pététin... ayant été refusé par tous les cinémas nantais, vint s'y montrer par deux fois, en février et mai dernier.

La seconde fois elle était associée à la Fête du lait de mai du quartier ; son organisateur, ancien des Ateliers Bitche, souhaitant "rapprocher la population des artistes"... Le public de ce film fut en majorité composé de fonctionnaires de la mairie ou de la Région, venus grâce à une annonce dans l'officiel gratuit de la Kultur nantaise, le Pulsomatic. Ils ont a-do-ré et le film et le lieu. Beaucoup d'entre eux ont dit : "Pourquoi n'avons-nous pas entendu parler de ce lieu avant ?" et "Nous ne savions pas qu'il existait" !

Le paiement, chaque fois, de la location de la salle me faisant de facto membre d'Intervention-expérimentation, le collectif gérant le lieu, j'ai proposé de réaliser un docu-fictionnarisé de lutte, ma caméra pro sitôt acquise, début septembre, en filmant les artistes-résidents et leurs réalisations, avec tous ceux qui voudront exprimer leurs soutien. J'ai appris hier que ceux du second et dernier étage auraient vu leur bail précaire renouvelé par la mairie. Il abrite une boite de com' qui n'est pour l'instant nullement solidaire, se contentant d'un 'bonjour, bonsoir'.

Il a été proposé une manifestation. J'ai suggéré, hier, aux Ateliers un charivari médiéval, un défilé festif et satirique, où le Monde était renversé, sa hiérarchie inversée où dans les chants, les cris, les bruits de casseroles, la parade, les jeux, la folie, le chahut, le barouf nous ridiculiserions populairement les puissants...

Si nous gagnons cette lutte, et il le faut, on pourrait créer un festival annuel hors-norme aux Ateliers de Bitche, un festival de lutte...

Que pouvez-vous faire ?

Les résidents proposent un document recto-verso à signer et à leur remettre, afin qu'il soit produit en justice entre les mains de leur avocat. L'action est inédite pour un lieu autogéré. Il s'agit d'attester en justice, avec photocopie de sa carte d'identité, de l'intérêt et de la sûreté du lieu en décrivant les faits dont vous avez connaissance, directement si faire se peut.

Téléchargez l'attestation de soutien

T. K 14/08/2014

bitche.jpg

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Appel à soutien des Ateliers Bitche

Voilà le moment fatidique est arrivé ; ça devait arriver un jour et bien c'est tombé cet été 2014, nous avons reçu un courrier de la Mairie de Nantes qui nous dit noir sur blanc '' Sommation de déguerpir(**)'', quel beau langage... et une assignation au tribunal de grande instance.

Nous avons déjà répliqué. Pensez-vous bien , on ne va pas se laisser abattre comme cela, nous avons fait appel à un avocat qui nous a déjà eu un report de procès pour le 11 septembre.

Alors afin de continuer à constituer un Dossier de Défense en Béton, nous vous demandons de remplir une attestation de soutien, formulaire type, qui est présente en pièce jointe, c'est un peu contraignant certes , il faut l'imprimer , la remplir en mettant un texte succinct , ça suffit, qui exprime votre soutien à Bitche, dire tout le bien que vous avez éprouvé à participer d'une façon ou d'une autre aux Ateliers de Bitche !

A envoyer ou déposer avant le 11 septembre, cette attestation ainsi qu'une photocopie de votre carte d'identité, pour les associations c'est la carte d'identité d'un responsable. Adresse : Association Intervention Expérimentation, 3 rue de Bitche, 44000 Nantes

Le Collectif Intervention Expérimentation
Téléchargez l'attestation de soutien

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(*) (**) Note historique : A propos du mot 'déguerpir' : ce n'est pas une insulte à l'encontre des résidents. Le 'guerpissement' est un terme juridique en usage avant la Révolution pour signifier l'expulsion d'un fermier pour cause de non-satisfaction des clauses d'un contrat de bail, non-paiement des redevances en nature ou en argent. Il a été préférentiellement employé contre des paysans.

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Publié dans Autres quartiers

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M
C'est bien évidement la politique de l'intolérance au profit de l'élite et surtout de ceux des nantais nantis.<br /> Il y a fort à parier que cette politique sera toujours de plus en plus rejetée.<br /> A Nantes il semblerait qu'il n'y ait que Jules Verne comme visionnaire. C'est ce boucher les yeux et les oreilles car après l'abolition de l'esclavage, c'est l'abolition du chômage et toujours celui des privilèges. A chacun sa conscience, n'en déplaise aux nantis.
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