Disparition de Marcel Zang, auteur nantais de renom

Publié le par CitiZen Nantes

Mise à jour. Initialement publié le 21/05/2016

Césaire - Damas - Zang : « Récital Marron » en hommage à Marcel Zang décédé le 21/05/2016 à Nantes

Espace Louis Delgrès (Nantes), vendredi 10 juin 2016 à 20h30
Lectures mises en espace, exposés, échanges entre intervenants et public
Discours sur le colonialisme par Peter Lema et Maykèz – Pigments Névralgies, la danse du pharaon et autres textes par Plusie
Disparition de Marcel Zang, auteur nantais de renom
23 mai 2016
Nous avons appris samedi 21 mai, le décès de l'auteur nantais Marcel Zang, à l'âge de 62 ans. Depuis plusieurs années nous publiions certains de ses textes.
Poète, dramaturge, ces mots frappaient fort ; des textes comme des incises pour mieux crier sur la cruauté du monde, débusquer sa beauté, dire le racisme atavique et purulent, s'offusquer avec grâce et dire l'hypocrisie française sur des pans entiers de son passé.
Il militait notamment pour l'inscription d'une référence au "Code Noir" au sein du Mémorial de l'abolition de l'esclavage de Nantes. A ce propos il écrivait en 2014 :

Aussi, loin de limiter le Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes à la « traite française » ou à la traite transatlantique, comme l’appréhende l’écrivaine Maryse Condé dans un récent entretien à Ouest-France, tout au contraire le Code noir, par la présence inouïe de son extrême langage, ferait lien et ouvrirait le Mémorial comme un fruit mûr et généreux dont la chair se répandrait en offrande aux consciences, au ciel et à la terre, tout comme le fait le clocher d’une église en son sommet, foyer de rayonnement et de convergence, centre des centres.

Marcel Zang - "Le mémorial et le Code Noir" 14/05/2014

Marcel Zang - Centre socioculturel de la Bernardière de St Herblain. 5 mai 2007. Photo : Yves Monteil

Marcel Zang - Centre socioculturel de la Bernardière de St Herblain. 5 mai 2007. Photo : Yves Monteil

Son écriture de haut niveau, curieuse, poétique, va perdurer. Il est de la hauteur des grands, des Senghor, Césaire et Glissant.

Michel Valmer

Sur Nantes il avait été l'un des initiateurs de "Passerelle Noire", association organisatrice de la "Marche des esclaves" qui s'est déroulée plusieurs années dans le cadre ou en marge de la cérémonie de la commémoration de l'abolition de l'esclavage qui se déroule chaque 10 Mai.
L'homme à la mitaine noire et au chapeau céleste, arrivé du Cameroun en France à l'âge de 9 ans, s'en est allé ; il y a quelques jours nous avions publié un dernier et magnifique texte, "Le devoir de l'oubli" à lire ci-dessous.

Y.M

10/05/2016 - Le devoir d'oubli par Marcel Zang

Voici venu le « 10 Mai », journée des mémoires de la traite négrière, des esclavages et de leurs abolitions, et aussi anniversaire de la « Loi Taubira ».

J’aurais aimé pouvoir en parler à mots doux, consensuels, et ravaler mon malaise, ma violence, ma peine, mais je ne peux pas, je sais que j’en serai incapable, tant la justice-vérité me cherche, que la passion, la rage, la colère m’habitent, me soulèvent, une colère incommensurable, inépuisée, qui me dessert je le sais, une colère séculaire, atavique, marmoréenne, ravivée au gras du quotidien, de la bêtise, au silex des préjugés, des haines, des cris et de mes morts et de cette noria de fantômes spéculaires qui hantent mes nuits et mon sang et la chair de mes Chers qui sans cesse me réclament, tourmentés, et me questionnent, me demandent : Pourquoi ? « Et si c’était un homme ? »

Que répondre ? Que leur répondre pour apaiser mon sommeil, leur ultime sommeil, et mon futur ? Alors je vais les jambes roides, anesthésiées, titubant de toutes parts, au fil des eaux, des névroses, disparate, ivre d’aucune langue, sans mémoire, essayant de rassembler quelques morceaux d’or fin entre les doigts, mais rien, rien que cette sueur froide et cette chape de silence... à en devenir fou. Non, je ne peux pas. J’aimerais tant pouvoir ne pas voir, ne pas entendre, ne pas ressentir, ne pas me souvenir, mais je ne le peux pas ; je suis immense, j’embrasse le temps et l’espace à grandes enjambées, du sud au sud et de la nuit à la nuit, et mon corps aux quatre vents n’est tout entier que grenier et lèvres retournées. Pourtant j’aimerais pouvoir me blinder d’acier et croire, me montrer dupe, et encore, un immense sommeil de dupes, d’arrangements, m’immerger, et m’abreuver, comme le commun, et d’illusions, de discours, m’enivrer, et de mots : « Ah, qu’est-ce qu’ils sont beaux, qu’est-ce qu’ils sont bons, le sable chaud, généreux et nobles magnanimes mes bourreaux, mes tortionnaires, mes assassins, mes tueurs chéris ! »

Mais non, je ne peux pas. J’aimerais pouvoir applaudir à ce traité me libérant de quatre siècles de fers, d’ignominies, de fouets, de chaînes, de servitudes, d’arrachements, où les bêtes furent mes seuls compagnons d’armes et de cœur alors que j’ai toujours cru appartenir à la tribu des humains, ce traité mettant fin à mes blessures et souffrances de nègre, à la traite des Noirs, au viol, à l’exploitation, à l’oppression, au génocide de tout un peuple, à l’assassinat légal de millions d’êtres humains, mes enfants, mes frères, mes sœurs, mes parents, mes aïeux... à l’entreprise industrielle et criminelle la plus abjecte et codifiée que l’histoire ait connue, oui... j’aimerais applaudir à ce traité m’accordant enfin le statut et la dignité d’homme... Mais je ne le peux pas.

J’aimerais pouvoir baiser de mes lèvres tuméfiées, de mon museau gonflé de sang noir ce divin traité, puis le réchauffer au cuir de mon bas-ventre cent fois visité et parfois de semences de bêtes, avec ma peau fouaillée à l’infini, à l’envi, cornée, qui aura tant fasciné de sa couleur érigée des générations et des générations d’amants ; j’aimerais le bercer ce traité, le bercer de ces bras qui ont coltiné, noueux, d’une rive à l’autre, de cales en continents, de routes en plantations, des sommes et des sommes de fines marchandises qui enflent aujourd’hui les bourses de scalp et les suaves demeures aux façades réconciliées des pays de Loire, de France et d’ailleurs. Et applaudir ? Non, je ne le peux pas.

J’aimerais pouvoir penser comme tout le monde, d’une seule voix, d’un même élan, avec toute la France réunie, unie autour des grands idéaux confettis, en ces jours de commémoration, de célébration, d’une unique célébration, celle de la République abolitionniste, tresser encore des louanges à la « supériorité », à la sagesse, à la grandeur d’esprit et de cœur de l’Occident, rendre hommage à sa mansuétude, par une réversibilité étourdissante, passe-passe de rôles - qui est qui, qui a fait quoi, on ne sait plus - où seul le grand abolitionniste est estampillé en lettres de feu, et chanté, applaudi... et danser, danser de joie, danser d’un même pied, danser au rythme des majuscules, et majuscules avides, majuscules à mort, majuscules de sang, majuscules de dupes, majuscules d’amnésie, et danser, et encore danser sous la raison de cette seule et unique majuscule, celle de l’abolition et des abolitionnistes, celle de la République et des droits régaliens de l’homme blanc, boire à sa coupe, avec mes lambeaux de mains encore frais écharpées par les lanières d’un fouet ocre - moi esclave au grand jour je suis pourtant là, encore, poitrail en avant, muscles saillants, moteur rutilant, enfant adultérin, Oliver Twist, me demandant où sont passés les esclavagistes d’antan d’aujourd’hui ? Suis-je donc devenu un esclave sans maître à la dialectique brisée ? Je veux mon esclavagiste. Je me sens si seul. Qu’on me le rende, tout nu je le veux, je veux mon maître, je veux mon père, mon tuteur, mon amour, ma lumière, tout contre moi - me manquent. Où sont-ils passés ? Je les sens pourtant ; je les vis pourtant ; je les meurs pourtant. Voyez comme je les désire, les renifle. Mais disparus, jamais existé les esclavagistes, les polygamistes, que théories et flonflon d’abolitionnistes, tous spontanés, récurés, fleuris, et sans l’ombre d’un seul nègre dedans, encore moins marrons, pas même un Toussaint Louverture ou un Delgrès, un Nkrumah, un Patrice Lumumba et tant d’autres qui ont combattu pour la liberté, pour leurs terres et pour le simple droit d’être des humains, morts pour l’abolition, pour l’indépendance, égorgés tels des pourceaux, jetés aux chiens et aux requins et revus nulle part - je me trouvais là. Je vois tout. J’aspire le temps et l’espace par le trou de ce derme « maudit », et je vois tout. Je suis là, j’étais là et je serai encore là. Mais je ne peux pas. Je ne peux pas...

Et toujours esclave tant que n’apparaîtra pas mon esclavagiste devant l’autel de la rédemption, mon sauveur, mon Messie... Comment dans ces conditions aller m’incliner sans faillir devant la statue, le courage et l’obstination de cet homme illustre, Victor Schoelcher* ? Victor Schoelcher, oui...peut-être. Mais qu’en est-il des autres ? Qu’en est-il de la France ? Qu’en est-il de cette France, « reine des nations civilisées » ? Qu’en est-il de ce grand peuple de France, tous pères de La Déclaration des Droits de l’Homme, tous enfants de la démocratie et des Lumières, tous fils de la Raison, d’Hellène, de Montesquieu et de Rousseau, hérauts de Dieu et de la Charité chrétienne, tous signataires de l’Edit de Nantes ? Non, je ne peux pas.

J’aimerais pouvoir me plier au devoir d’aveuglement, au devoir d’irresponsabilité, au devoir d’oubli, mais je ne peux pas, je n’y arrive pas ; et je ne peux pas m’empêcher de le ressentir comme un blasphème, un absolu mépris, une insulte de plus et de voir qu’il y a du viol, du rapt et de l’indécence à s’auto absoudre ainsi et par la grâce d’un seul arbre, Victor Schoelcher. Car enfin, qui est donc légitimement fondé à célébrer une libération, une résurrection ? Le prisonnier ou le geôlier ? Le bourreau ou la victime ? La plaie ou le couteau ? Pilate ou le Christ ? A moins que l’un et l’autre ne fussent qu’une seule et même personne. Et quand même les geôliers deviendraient libérateurs, et pourquoi pas, formant ainsi une trinité mystérieuse, ne devraient-ils pas s’écarter un peu, avoir le triomphe modeste, et faire une plus grande place à ceux qui ont arraché leur liberté, à ceux qui ont le plus crûment manqué d’air et de vie, de chaleur et de terres, de baume et de lait, d’amour et de joie ? Mais non, toute l’onction semble aller aux bourreaux, aux geôliers-libérateurs, et quant à la place accordée aux victimes, aux prisonniers, aux résistants, jugez-en : si peu de traces au détour d’une page d’écolier rappelant à mes enfants noirs et blancs la vie qui fut la mienne des siècles durant, si peu de larmes d’amour et bien peu de mots où poser ma joue endeuillée par tant de silence ; et pas une seule statue de nègre, ni même seulement une petite pierre de leur douleur ou de leur courage sur tout le territoire français, à Nantes, Bordeaux, La Rochelle... Paris, tous ces lieux hautement emblématiques de la Traite, de l’ignominie, rien... pas une stèle, un monument officiel, un mémorial, quelque chose de fixe, une plaque, un œil, une tranchée, un obel, un obélisque à soi, un doigt, le moindre élément commémoratif, rien !... Mais si. Un mémorial… de l’abolition de l’esclavage à Nantes, dit-on, vous avez bien lu, pour y célébrer les abolitionnistes, encore. Un Mémorial ACTe à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, allez-y voir, et vous y serez accueillis par le mantra d’une Afrique collaborationniste qui aurait livré ses enfants à la lame rougissante et par une France assimilationniste en robe d’hermine maçonnique. Voilà cependant quelque chose de donné après la loi sur la criminalisation de l’esclavage et de la traite, un début, pour rompre enfin cette longue muselière de cristal. Mais alors un « 10 Mai » à la hauteur, rien !... Un « 10 Mai » férié, rien !... Le vide, l’oubli, l’inexistence d’une négraille « nés en 1848 » ainsi perpétuellement signalée, sauf à la bourse du Profit, à l’ombre des lambris et derrière les façades en pierres taillées où sa dépouille continue à reluire. Alors qu’il n’est pas une seule ville en Afrique et aux Caraïbes où ne se dressent quelques monuments et statues en hommage à la France des missionnaires, des explorateurs, des médecins, des colons, des généraux et autres hommes d’état et puissances, assez ! Non, je ne peux pas. Cet effacement... ce blanc... ce mépris... et nulle parole de regret, d’excuses, rien que dilution, dévoiement, révisionnisme, falsification, mascarade et imposture. Pourtant le général Bonaparte - esclavagiste s’il en est - s’est bien incliné devant le Sphinx d’Egypte, à défaut d’Haïti ; il n’en coûtera guère plus à l’Etat français de demander pardon au peuple noir pour toutes les atrocités commises et de s’incliner devant un Mémorial de la Réparation et de la Réconciliation. Réconciliation de la France avec son histoire, de la République avec sa mémoire et de tous ses enfants illégitimes avec la patrie. Il suffirait, pour ce faire, de pas grand-chose, d’un grain d’humanité, d’un retour de lumière, d’une vision... d’une connivence avec l’impur, le rêve, le sens, le sens de l’Histoire, d’une connivence par-delà les urnes, le sang, le sens de la bête. Alors, et seulement alors, ainsi face à face, l’œil dans l’œil, côte à côte au grand jour et dans le même lit, sinon dans le même bateau, esclave et esclavagiste, amant et amante, connu et inconnu, peut-être me sentirai-je libéré des tourments du passé, du futur, d’une aliénation et d’une discrimination tant de fois déniées et des griffes de l’oubli et de mes fers, moi l’Africain, l’Antillais, le Noir… le Blanc. En paix. Rendu enfin aux miens, au présent. A nos morts. A nos dieux. A notre mémoire. Ensemble pour le rythme. Pour la vie.

Marcel Zang.

Ce texte a été lu intégralement dans le cadre de la commémoration marronne samedi 14 mai à Nantes.

Marcel Zang - Centre socioculturel de la Bernardière de St Herblain. 5 mai 2007. Photo : Yves Monteil

Marcel Zang - Centre socioculturel de la Bernardière de St Herblain. 5 mai 2007. Photo : Yves Monteil

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Disparition de Marcel Zang, auteur nantais de renom

Compléments

Biographie

Marcel Zang est né le 02 mars 1954. À l'âge de neuf ans, il quitte sa terre natale, le Cameroun, pour la France. Dramaturge, poète et nouvelliste, Marcel Zang vivait et travaillait à Nantes. Nombre de ses textes sont parus dans des journaux, magazines, revues littéraires (Libération, Le Serpent à plumes, Revue Noire). Dernière publication, La Danse du Pharaon, en 2004, aux éditions Actes Sud-papiers - une pièce qui sera représentée à La Comédie Française (au théâtre du Vieux-Colombier) le 05 juillet 2005. Les éditions Actes Sud-papiers ont publié, en 2002, L'Exilé suivi de Bouge de là.

Boursier Beaumarchais 2001 et boursier Centre National du Livre (CNL) 2002-2003 (année sabbatique); Lauréat 2005 du prix SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) de la dramaturgie francophone pour L'Exilé & Lauréat 2010 du Prix SACD "Nouveau Talent Théâtre".

Source : Africultures

Publications

Nouvelles
La Dette (Revue Noire magazine, 1992)
Le Repos (Le Serpent à plumes, 1992-1993)
Au nom du père (Revue Noire magazine, 1994)
Le Songe de Jimmy (diffusion MFI / Festival international des théâtres
francophones en Limousin, 2002)

Poésie
Ouvrage collectif « L’Humeur du monde », Revue Noire, 1994
Ouvrage collectif « La Vie, tu parles », P.O.L., 1983
Poèmes, Maison de la Poésie de Nantes, 1995
Poèmes, France-Culture « Atelier de création radiophonique », 1995
Poèmes inédits dans la revue littéraire « L’indicible frontière » n°2, décembre 2001

Pièces de Théâtre
Le Joueur, le vide et son double
La Danse du Pharaon, mise en scène Peter Lema, Cie Envers Production, Nantes, mai 1999 ; Actes-Sud Papiers, fév. 2004
Un cafard
Un couple infernal, salle La Carrière, Saint-Herblain, décembre 2000
L'Exilé, Ed. Actes Sud-Papier, 2002
Bouge de là, comédie, Actes Sud-Papiers, 2002

Dernière publication: "Pure vierge" (Ed.Actes Sud-papiers, 2007)
"Le Programme"

Le Programme (des démocraties totalitaires)

Texte et paroles Marcel Zang (Extrait de la pièce de théâtre "Le Programme" - Musique Claude Turner - Nantes (France) / avril 2009

Le tout est toujours le contraire du vrai.

T.W. Adorno

Le Programme (des démocraties totalitaires)

Le peuple ne veut pas d’un langage de la nostalgie, d’un langage de l’inachevé, d’un langage de l’incertitude et de l’indétermination, qui nuit au peuple et à l’affirmation de sa volonté. Voilà pourquoi le Programme a été conçu pour combattre la nuit et les ténèbres du mensonge.

Le peuple veut la réalité et n’a que faire des transports de l’ivresse, des illusions et des fantasmes. Aussi le Programme se doit de montrer la seule et vraie réalité qui soit, celle qui est là, qui existe, car dans la nation-Programme tout est là, présent. Dans la nation-Programme il n’y a pas de vide, d’inconnu, il n’y a que l’espace occupé par le peuple qui en connaît chaque parcelle jusqu’au moindre bout de plastique et chaque citoyen jusqu’à la racine du nombril. Le peuple veut du visible, du concret ; le peuple veut du bien-être et du manger ; le peuple veut l’ordre et la sécurité; le peuple veut des preuves, pas des traces ; le peuple veut du sperme, pas la fumée et le sexe; le peuple veut des enfants, pas des ancêtres et des croulants ; le peuple veut la santé, pas des handicapés, des malades et des fous ; le peuple veut le bonheur et le présent ici et maintenant ; le peuple veut l’immortalité ; le peuple veut le temps et l’espace à plein temps, tout l’espace, tout le temps, un temps et un espace où l’incompréhensible, l’insaisissable, le flou, l’art, la poésie et la magie n’ont rien à y faire. Le peuple veut du carré, pas des ronds et des diagonales.; le peuple veut la stabilité, pas le rythme ; le peuple veut l’unité, pas le multiple ; le peuple veut du plein, du marbre, pas le nombre ; le peuple veut la pureté, pas la couleur et le vice ; le peuple veut des réponses, pas des interrogations ; le peuple veut l’instruction et le progrès, pas l’obscurantisme ; le peuple veut la maîtrise et la raison, pas l’angoisse ; le peuple veut du soleil, mais pas l’ombre et ses trous ; le peuple veut la clarté, la transparence ; et le Programme est là pour ça, pour offrir au peuple la clarté et la transparence… la lumière… le bonheur… le miroir… la lumière vingt-quatre heures sur vingt-quatre… le miroir à flots… des rayons en abondance… le bonheur…

Mais pas l’obscur et l’obscurité. Mais pas la faim et le désir. Mais pas l’attachement et la servitude. Mais pas l’étrange et l’étranger. Mais pas l’artifice, pas le mensonge. Le peuple veut une nation du jour, où seuls la forme est reine et les corps sont rois. Apprenez que vous êtes arrivés au commencement du lieu présent et qu’il vous faut y rester ou disparaître. Vous vous dites c’est des imbéciles, vous vous dites que le Programme est un imbécile, vous vous dites que le peuple est un imbécile. Mais nous sommes en république, en république du Programme, c’est ce que vous semblez ignorer.

Et le Programme se doit au peuple et à son bonheur. Le Programme est garant de la sécurité de chaque citoyen, et chaque citoyen est garant du Programme, comme chaque suffrage exprimé est garant de sa légitimité. Nous sommes le Programme, vous êtes le Programme. Vous faites le Programme, vous portez le Programme, vous enfantez le Programme, vous élevez le Programme, vous nourrissez le Programme, vous protégez le Programme, vous vous éclatez au Programme et le Programme s’éclate avec vous. Vous l’avez dit : c’est vous le Programme. Vous avez voté le Programme, vous avez élu le Programme, vous avez porté le Programme à la charge suprême, vous avez donné les pleins pouvoirs au Programme, la parole est maintenant au Programme, c’est à dire au peuple, autrement dit à vous ; une parole qui va droit au cœur du Programme et retourne au peuple, autrement dit à vous.

Et pour vous, le Programme ne cherche pas midi à quatorze heures. Vous voulez du travail, et le Programme vous offre du travail. Vous voulez le progrès, vous voulez l’ordre et la sécurité, et le Programme vous fournit le progrès, le Programme vous fournit l’ordre et la sécurité. Vous ne voulez plus avoir peur, vous ne voulez plus de la peur, et le Programme a éradiqué la peur. Et c’est ainsi que vous pouvez dormir en paix, vous reposer en paix, vous laver en paix, vous purifier en paix, vous nourrir en paix, travailler en paix, circuler en paix, pisser en paix, procréer en paix et mourir en paix. Le Programme veille sur vous en paix, et vous veillez sur le Programme en paix. Vous êtes en paix, en sécurité, car vous faites confiance au Programme, parce que le Programme c’est vous. Vous êtes le Programme, ne l’oubliez pas.

Vous êtes le Programme. Le Programme est l’expression de la volonté de la majorité des citoyens, de tous les citoyens. Le programme c’est vous. Vive le programme ! Vive la république !

Marcel Zang

Programme des obsèques

Mardi 31 mai 2016, à partir de 23h : Grande Veillée Culturelle à la Salle de La Ruche (8, rue Félibien, Nantes) - À partir de 19h : Veillée mortuaire à la Maison familiale d’Essos-Yaoundé (Cameroun) et veillée mortuaire au Village de Nyabibété-Zoétélé (Cameroun)

Mercredi 1er juin 2016, de 10h à 11h : Mise en bière et levée de Corps à la Chambre Funéraire du Parc (9, Chemin de la Justice, Nantes) - 11h : Départ vers le Lieu d’Inhumation du Défunt - 11h30 Cérémonie d’Inhumation au Cimetière Miséricorde de Nantes

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